La Gesta Danorum de Saxo Grammaticus, ainsi que l’Edda et la Heimskringla de Snorri Sturluson, trois des plus importants textes du treizième siècle scandinave, ont recours à l’évhémérisme pour expliquer la religion de leurs ancêtres païens. Cette théorie selon laquelle les dieux païens étaient des imposteurs humains fut l’un des principaux outils des auteurs médiévaux pour traiter des religions païennes. La comparaison de l’oeuvre de Saxo et de celles de Snorri révèle que derrière une apparente similarité, leurs récits évhéméristes servent des visées idéologiques radicalement différentes : Saxo construit l’identité du royaume danois dont il veut affirmer l’indépendance, alors que Snorri produit un discours sur la nature du pouvoir royal, ses limites, et sa transmission. De plus l’étude du corpus médiéval révèle que la méthode évhémériste ne consiste pas seulement en une humanisation des dieux mais aussi en une reconstruction complète de la cosmologie mythique. ; Saxo Grammaticus’ Gesta Danorum, as well as Snorri’s Edda and Heimskringla, three of the most important texts of 13th century Scandinavia, use euhemerism to explain the religion of their pagan ancestors. This theory, according to which gods were human impostors, was one of the main tools that the medieval authors used to explain pagan religions. A comparison of Saxo’s works with those of Snorri reveals that behind an apparent similarity, their euhemeristic narratives serve radically different ideological agendas: Saxo constructs the identity of the Danish Kingdom, which he wants to depict as an independent kingdom, whereas Snorri produces a discourse on the nature of royal power, its limitations, and its transmission. Furthermore, the study of the medieval corpus reveals that the euhemerist method involves not only a humanization of the gods, but a complete reconstruction of mythic cosmology.
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